• L'optimisme des Suisses quant à «l'avenir» de leur pays ne cesse de croître, révèle le sondage annuel de l'EPFZ à Zurich. Leur soutien à l’armée de milice et au service militaire obligatoire a en outre nettement augmenté.

    Les Suisses croient en l'avenir et en l'armée

    L’optimisme des Suisses quant à l’avenir de leur pays ne cesse de croître. Les citoyens posent aussi un regard moins sombre sur l’évolution du monde. Leur soutien à l’armée de milice et au service militaire obligatoire a en outre nettement augmenté, relève le sondage annuel de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, publié vendredi.

    Le vote des Autrichiens en janvier contre l’abolition du service militaire «n’a pas eu d’influence notable sur l’opinion des Suisses» mesurée le même mois, assure devant les médias à Berne Tibor Szvircsev Tresch, l’un des auteurs de l’enquête. Près des trois quarts d’entre eux considèrent toujours l’armée comme nécessaire et environ deux tiers jugent important d’avoir une armée forte.

    Toutefois, les citoyens ne sont désormais plus qu’un tiers à soutenir la suppression du service militaire obligatoire alors que la moitié y étaient favorables en 2012. Une mauvaise nouvelle pour les partisans de l’initiative populaire du Groupe pour une Suisse sans armée qui sera soumise au vote le 22 septembre.

    La part des citoyens prônant une armée de professionnels a aussi diminué de 6% par rapport à l’an dernier, à 37%, alors que le nombre de partisans d’une armée de milice a augmenté de 4%. La moitié des Suisses ne font en outre «plutôt pas» ou «pas du tout» confiance à une armée de volontaires, alors qu’ils sont 46% à y croire (5% de moins qu’en 2011).

    Plus grand optimisme

    «Les Suisses se sentent en sécurité et sont plus optimistes par rapport à la situation politique mondiale», constate Julie Craviolini, autre auteure de l’étude. Neuf citoyens sur dix disent se sentir en sécurité, un rapport qui n’a pas évolué par rapport à l’an dernier. Leur confiance dans les autorités n’a pas non plus bougé, police et tribunaux en tête devant le Conseil fédéral. Partis politiques et médias demeurent les institutions les plus critiquées.

    Le nombre de Suisses optimistes quant à l’avenir de leur pays va croissant (+4%) et représente cette année 82% des sondés, 75% se déclarant «plutôt optimistes» et 7% «très optimistes».

    La perception sombre de la situation politique mondiale constatée ces deux dernières années s’est aussi améliorée: les Suisses sont 46% à croire en une détérioration à court terme de l’état actuel - contre 53% en 2012, la plupart des autres ne s’attendant à aucun changement.

    1200 sondés

    En matière de politique extérieure, les citoyens continuent d’aspirer à la plus grande autonomie et neutralité possible. Une large majorité approuve la voie bilatérale avec l’UE, tandis que l’idée d’un rapprochement politique, voire d’une adhésion bat des records d’impopularité: ils ne sont plus que 36%, soit 1% de moins qu’en 2012, à être séduits par un rapprochement et, comme l’an dernier, 17% à soutenir une adhésion.

    Le sondage annuel sur le sentiment de sécurité des Suisses a été mené par l’Institut Isopublic du 9 janvier au 12 février. Au total 1200 personnes ont été interrogées par téléphone dans toutes les régions linguistiques du pays. La marge d’erreur est de 3%.

     


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  • Dans un effort de transparence sur un programme jusqu'ici officiellement secret, Barack Obama a annoncé jeudi avoir signé un nouveau mémorandum encadrant les frappes de drones à l'étranger, dans des pays où les Etats-Unis ne sont pas en guerre comme le Yémen, le Pakistan et la Somalie.

    Un document transmis à la presse par la Maison Blanche égrène les critères pour l'usage de la "force létale" par les Etats-Unis, sans que le mot "drone" n'apparaisse.

     

    + PRIORITE A LA CAPTURE: quand elle est "faisable", la capture est l'action préférée car elle "offre la meilleure opportunité de recueillir des informations importantes et d'empêcher ou arrêter des projets d'attentats terroristes", précise le document.

    + MENACE CONTINUE ET IMMINENTE: "tous les terroristes ne posent pas une menace continue et imminente contre des Américains", précise le document. "Si un terroriste ne représente pas une telle menace, les Etats-Unis n'utiliseront pas la force létale".

    + QUASI-CERTITUDE: avant toute action létale, les Etats-Unis devront avoir la "quasi-certitude" que la cible terroriste est présente, et qu'aucun "non-combattant" ne sera blessé ou tué. La disposition vise à empêcher les morts de civils dans les frappes, qui jusqu'à présent étaient parfois lancées sans connaître l'identité de toutes les personnes présentes.

    + RESPECT DU DROIT: que la frappe concerne un "haut dirigeant opérationnel d'une organisation terroriste" ou des forces contrôlées par elle, une base juridique doit justifier l'opération. Le document précise aussi que les Etats-Unis "respectent la souveraineté nationale et le droit international".

    + AUTORITES LOCALES: une certification sera requise pour indiquer que les autorités du pays où doit avoir lieu la frappe "ne peuvent pas ou ne veulent pas répondre à la menace contre des Américains". La nouvelle règle impose aussi qu'"aucune autre alternative raisonnable n'existe" pour répondre à la menace.

    + RESSORTISSANTS AMERICAINS: si le suspect s'avère être un citoyen américain, une analyse juridique supplémentaire sera engagée par le département de la Justice. Le département de la Justice a confirmé mercredi que quatre Américains, dont l'imam Anwar Al-Aulaqi au Yémen, avaient été tués depuis 2009.

    + CONTROLE PARLEMENTAIRE: les élus du Congrès des commissions concernées seront régulièrement informés de l'identité des individus ciblés par des attaques de drones. La mesure vise à répondre aux critiques des élus des commissions du Renseignement, démocrates et républicains, qui réclament depuis des mois de pouvoir exercer leur rôle de tutelle sur le programme secret.


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  • En l'absence d'une implantation physique véritable du commandement militaire des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom), le continent assiste à une installation sur son sol de bases de drones et de soldats américains que les observateurs qualifient de déploiement stratégique dans cette zone de convoitises riche en hydrocarbures.

    Un archipel de l'océan Indien, les Seychelles ont offert un site à côté de l'aéroport de Victoria, la capitale du pays, pour accueillir une de ces bases qui a récemment effectué une mission expérimentale pour des opérations dites de surveillance maritime à l'aide d'une flotte estimée à 9 appareils téléguidés sans pilote.

    C'est un processus qui remonte en 2009 et fait intervenir des engins de type MQ-9 Reapers, équipés de caméras vidéo et de systèmes de vision nocturne leur permettant d'opérer à près de 10. 000 mètres d'altitude, pendant 10 ou 12 heures au minimum. Ces avions sont aussi capables de transporter des missiles ou des bombes guidées par satellite, apprend-on par ailleurs.

    Officiellement, ils servent à la lutte contre la piraterie maritime et le terrorisme dans l'océan Indien. Deux pays voisins de la Somalie et le premier ayant la particularité d'être un allié de Washington dans la lutte contre les islamistes shebabs qui défient les autorités de ce pays de la Corne de l'Afrique, au coeur du golfe d'Aden, l'Ethiopie et Djibouti en accueillent également sur leur sol.

    De l'avis du géostratège camerounais Joseph Vincent Ntuda Ebodé, l'installation de ces unités militaires américaines « n'est pas une surprise, puisque dans la progression de la montée en puissance d'Africom (Africa Command, ndlr), il était déjà prévu qu'au niveau du golfe de Guinée il devait y avoir une base américaine au niveau de Sao Tomé et Principe. Tout cela n'a pas fonctionné foncièrement comme cela a été prévu ».

    « A partir du moment où Africom s'occupe de l'Afrique, les Américains peuvent non seulement installer les hommes dans n'importe quel pays, mais aussi monter des unités légères d'appui à leurs forces de sécurité dans n'importe quel pays, dès lors qu'il y a eu l'acceptation explicite ou implicite de ce pays. Donc, ce n'est pas surprenant », a expliqué ce spécialiste des questions de sécurité à Xinhua.

    Selon lui encore, « le redécoupage même géostratégique de l'Afrique comme une zone de sécurité prioritaire qui correspond à l'émergence d'Africom indique que les problématiques de sécurité vues de Washington et se posant en Afrique étaient montées en puissance et donc à partir de ce moment-là on allait prendre un certain nombre de mesures ».

    L'armée américaine utilise déjà des drones en Afghanistan pour mener des raids ciblés contre des chefs terroristes présumés. En Afrique, la présence de ces appareils dans le cadre de bases militaires établies suscite de réelles appréhensions au sein de l'opinion publique qui redoute des actions contre des régimes politiques, à la lumière de la vaste opération militaire occidentale en Libye.

    « Lorsque c'est des forces de sécurité occidentales, je crois qu'il faut toujours tenir compte de ça. Puisque ces derniers temps, on a quand même vu beaucoup de choses qui ne permettent plus de penser que les Occidentaux ont de la retenue dans l'utilisation de la force. Le seul problème, c'est de comprendre que la puissance américaine n'a pas besoin de venir implanter quelque chose à côté pour intervenir », observe le Pr. Ntuda Ebodé, enseignant à l'Université de Yaoundé II.

    Autrement dit, « l'implantation des bases de drones vise dans un premier temps les menaces terroristes. Les drones servent à surveiller et à identifier les menaces potentielles et montés dans une île, ça permet d'abord de voir tout ce qui se passe dans la zone. Ça peut secondairement être utilisé pour des opérations commandos visant des régimes ».

    A en croire le géostratège, « nous sommes à un moment où les Etats-Unis sont en train d'implémenter, sur le plan non plus stratégique mais opérationnel, leur perception des menaces dans le continent africain. Africom, on l'a d'abord momentanément implanté en Allemagne, à Stuttgart. Il était question de penser comment concrètement à partir de l'Europe il va falloir déployer les forces américaines sur le terrain ».

    Ces forces, explique-t-il, peuvent être « des forces en termes de logistique, ça peut être des forces humaines, c'est-à-dire des hommes, mais ça peut aussi du matériel qu'on monte en petites unités, en fonction de la manière dont l'Amérique conçoit le déploiement sur le théâtre des opérations ».

    Ce qui laisse supposer que le déploiement d'une centaine soldats américains en Ouganda, avec une extension de mobilité dans les pays voisins, aux fins de traquer le mystérieux chef rebelle Joseph Kony et son groupe, Lord's Resistance Army (Armée de résistance du seigneur), s'inscrit à loisir dans cette logique.

    Ici, Ntuda Ebodé décrit deux niveaux d'analyse. « Le premier niveau consisterait à indiquer tout simplement que la lutte avec Ben Laden a pris fin officiellement, mais le terrorisme n'a pas pris fin. Et donc, tout en se désengageant progressivement dans un certain pays du Moyen et du Proche-Orient, l'Afghanistan, etc., les Etats-Unis vont se redéployer ailleurs et donc naturellement dans le golfe de Guinée ».

    Décrété espace d'intérêt vital par Washington, le golfe de Guinée est aujourd'hui la zone la plus importante en matière de projection de puissance, mais aussi d'exploitation des ressources du point de vue des Etats-Unis en Afrique, note l'universitaire.

    S'agissant du deuxième niveau d'analyse, il « consisterait, décrypte-t-il, à penser que, avec tout ce qui s'est passé dans le Maghreb, où il y a eu des armes qui ont disparu et avant ça il y avait déjà la piraterie et tout ce qu'il y a comme ressources à protéger dans la zone non seulement sahélo-sahélienne, il y a une migration des menaces de l'Afrique de l'Est vers le Sahara et ça débouche vers le golfe de Guinée ».

    Dans ce cas, « tout groupe qui aurait, du point de vue américain, des tendances à entretenir des actes de terrorisme dans cette zone- là doit être priorisé, comme peut-être le numéro un, ou tout au moins le plus dangereux. A partir du moment où la menace principale, Ben Laden, n'est plus là, il y aura nécessairement un redéploiement et ce redéploiement va concerner toutes les zones grises tel que vu par les Américains à travers le monde et dont la LRA n'est qu'un des acteurs qui soient à l'origine de ces zones grises dans cet espace ».

    Mais, l'universitaire camerounais estime que « l'Afrique doit penser à être acteur pour bien négocier tous ces dispositifs qui tournent autour d'elle tout en s'implantant en son sein. Puisque l'Afrique, c'est d'abord les Africains. Nous devons percevoir les menaces avant même que nos partenaires les perçoivent et nous devons prendre les mêmes mesures qu'eux, ou des fois des mesures différentes, en fonction de la manière dont nous percevons ces menaces ».

    Car, « nos partenaires ont leurs intérêts et la manière dont ils perçoivent ces menaces correspond à ces intérêts ». La présence militaire physique américaine vient s'ajouter à celle de la France dans bien des pays de la région, à l'instar du Gabon, de la République centrafricaine (RCA) et du Tchad.


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  • Le gouvernement sud-africain a donné le coup d'envoi mardi d'une révision de sa stratégie en matière de défense pour tenir compte de "l'environnement mondial différent", et notamment des problèmes posés par la piraterie maritime, a indiqué son ministre de la Défense Lindiwe Sisulu.

    Cette révision, "attendue depuis longtemps", devra inclure les menaces telles que les actes de piraterie ou la sécurité aux frontières dont le dernier plan stratégique, remontant à 1998, ne tenait pas compte et qui est en partie "complètement dépassé", a-t-il souligné au cours d'un point presse au Cap.

    Le document aura comme horizon l'an 2030 et aura évidemment un impact sur le futur budget, a souligné le président du comité de révision de la défense sud-africaine (SADRC), Rolf Meyer.

    "Lorsque la dernière révision a eu lieu, l'environnement mondial était différent d'aujourd'hui", a-t-il ajouté, citant "ce qui se passe en ce moment sur le continent, en Afrique du Nord et au Proche-Orient".

    Rolf Meyer a été ministre sous l'apartheid et a participé à la rédaction de la nouvelle Constitution du pays après la chute du régime raciste.

    Le comité est "ouvert" et son travail est de "solliciter les points de vue dans la société sur le type de force de défense que nous voulons avoir", a-t-il dit.

    "Il n'y a pas besoin d'avoir d'autorisation spéciale" pour en faire partie, a-t-il ajouté, en réponse aux critiques de l'opposition concernant la présence au sein du comité de Tony Yengeni, 57 ans, un ancien commandant de la branche militaire de l'ANC, condamné pour fraude en 2003 et brièvement emprisonné.

    Le gouvernement de l'ANC, au pouvoir depuis 1994, a privilégié au départ les politiques sociales et taillé dans les budgets de la défense, diminuant de moitié les dépenses en armements et équipements.

    Toutefois, depuis quelques années, le gouvernement a inclus la défense dans ses priorités. Le manque de financements, des problèmes d'incompétence dans l'encadrement ont provoqué la grogne croissante des militaires et conduit à une manifestation le 26 août 2009 à Pretoria.

    Première puissance économique du continent, l'Afrique du Sud se veut aussi un poids lourd diplomatique. Elle était en 2010 au 17e rang mondial des producteurs d'armes.


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  • Nouvelle réduction des effectifs militaires belges, nomination de généraux flamands, renforts en Afghanistan, retour en Somalie, touche religieuse à l'armée... Pieter De Crem (CD&V) défend son bilan après dix-huit mois passés à la tête de la Défense.

    Le Vif/L'Express : Compte tenu du budget, le général Charles-Henri Delcour, patron de l'armée, vient de prôner une nouvelle réduction des effectifs à 34 000 hommes et la fermeture de 30 à 40 % des casernes. L'armée est-elle en train de devenir un corps plus petit que la police fédérale, comme le craint Delcour ?

    > Pieter De Crem : Les effectifs militaires sont déjà inférieurs à ceux de la police, qui compte 40 000 membres. Mais ce n'est pas le nombre qui compte. On peut assurer nos missions à l'étranger avec 34 000 hommes. L'objectif fixé par le gouvernement de limiter le nombre de soldats à 37 725 en 2015 sera atteint dès la fin de cette année. En dix-huit mois, pas moins de 4 000 hommes ont quitté la Défense.

    Pour quelles raisons ?

    > Beaucoup ne trouvent pas leur place dans les nouvelles missions attribuées aux forces armées. D'autres sont séduits par les conditions offertes à ceux qui s'en vont. Cela permet de réduire le poids du coût du personnel dans le budget de la Défense. Il représentait 64 % du budget à mon arrivée au département. Il est tombé à 58 % et doit descendre à 55 %.

    Vous venez de nommer une brochette de généraux néerlandophones à la tête de l'armée. André Flahaut, votre prédécesseur à la Défense, parle d'un « coup de flamandisation ».

    > Je n'ai fait que suivre les propositions de l'état-major. De nombreux officiers francophones ne réussissent pas l'examen linguistique. Le déséquilibre entre Flamands et francophones s'accentue en fait depuis 1999.

    Plus de 1 300 soldats belges sont en mission à l'étranger : Afghanistan, Liban, Kosovo, RD Congo... Voulez-vous en envoyer d'autres en opérations, malgré la fréquence déjà élevée des rotations ?

    > Le Danemark dispose d'une armée comparable à la nôtre, soit à peine 40 000 hommes, et est en mesure d'en déployer en permanence 2 000 à l'étranger. Pourquoi pas nous ? Ces missions sont la vocation même des forces armées au xxie siècle.

    Où la Belgique enverra-t-elle encore des hommes ?

    > Dès septembre, des militaires belges patrouilleront le long des côtes somaliennes dans le cadre de l'opération européenne Atalante. Nous aurons alors quelque 1 550 hommes en mission dans le monde. L'an prochain, notre rôle dans la lutte contre la piraterie maritime devrait encore s'accroître. Nous allons sans doute déployer une seconde frégate au large de la Corne de l'Afrique.

    Tout cela a un coût. Or le budget de la Défense est plafonné depuis dix-sept ans. Comment faire ?

    > Les opérations à l'étranger coûtent 70 millions d'euros, soit à peine 6 % du budget total de la Défense. Il n'est pas dans mes intentions de demander une rallonge. Certes, la Belgique a le plus petit budget Défense de toute l'Europe, le Luxembourg et les pays Baltes mis à part. Mais un ministre belge de la Défense qui se présenterait devant le Conseil des ministres pour réclamer une hausse de son budget perdrait toute crédibilité pour le reste de son mandat. Même s'il n'y avait pas de crise économique, il n'y aurait pas d'accroissement du budget de la Défense.

    Est-il indispensable d'envoyer dans le nord de l'Afghanistan un deuxième groupe de 69 soldats belges d'ici à la fin de 2009 ? Au total, cela fera près de 600 Belges déployés en Afghanistan et 8 F-16 basés à Kandahar. Des experts estiment pourtant que la guerre d'Afghanistan est sans issue.

    > L'avenir du monde se joue dans un demi-cercle qui va de l'Iran au Pakistan en passant par l'Afghanistan. Plus de 40 pays participent aux opérations en Afghanistan. Nous n'y faisons pas la guerre. Mais la menace représentée par les talibans nous concerne tous et le commerce afghan du pavot finance le terrorisme international. La situation est-elle simple ? Non. Sans dangers ? Non. Mais les précédents de la Bosnie et du Kosovo montrent qu'au bout de dix ans de présence militaire on obtient des résultats et on peut préparer une stratégie de sortie, que j'appelle une « stratégie de succès ».

    Certains assurent que la présence de la force internationale en Afghanistan est un élément plus nuisible que favorable à la sécurité du monde occidental ?

    > C'est le raisonnement des anti-Otan. Les ONG humanitaires elles-mêmes nous supplient de rester sur place, car elles craignent d'être balayées si nous nous en allons.

    Le magazine Knack vous a surnommé, en couverture, le « ministre de la Guerre ». Choqué ?

    > Arrêtez de croire que Pieter De Crem décide tout seul ! Les choix sont faits après de longues discussions au sein du cabinet restreint, des partis qui composent le gouvernement, du Conseil des ministres et du Parlement. Pendant une décennie, notre armée est apparue comme une force de protection civile améliorée, doublée d'une agence humanitaire. Ce n'est plus le cas.

    Entre votre vision de la Défense et l' « armée de paix » voulue par André Flahaut, il y a un gap stratégique, mais aussi une rupture idéologique, non ?

    > Une rupture ? Sûrement. Il a fallu réveiller les esprits pour que notre armée se transforme en vraie force expéditionnaire. Notre petit pays, fondateur de l'Otan, est enfin redevenu un partenaire fiable pour nos alliés. Le refus de laisser les Américains utiliser le port d'Anvers et notre espace aérien lors du déclenchement de la guerre d'Irak nous a coûté énormément en crédibilité.

    Vous avez dit avoir rendu leur fierté aux militaires belges. Ils n'en avaient plus quand Flahaut avait vos responsabilités ?

    > Il fallait en revenir à l'essence même du métier militaire. Les soldats ont retrouvé une motivation. Lors de mon déplacement, cette semaine, au Kosovo, mon chauffeur, un para, m'a dit : « Maintenant, on sait pourquoi on fait ce métier. »

    Après votre arrivée à la Défense, certains ont été troublés par le retour du religieux au sein de l'armée : présence au pèlerinage de Lourdes, retour des aumôniers militaires...

    > Dans les casernes, surtout à l'étranger, les militaires vivent parfois des moments de doute, loin de leur foyer. Ils se posent des questions sur leur vie, le sens de leur mission. L'aide d'un conseiller religieux ou laïque peut se révéler précieuse. Ma présence à Lourdes fait suite à une invitation de la ministre de la Défense de la France, pays où la séparation de l'Eglise et de l'Etat est la plus haute valeur républicaine. Catholique, je ne fais pas pour autant de prosélytisme et je n'ai pas l'intention de lancer une nouvelle évangélisation à l'armée !

    Vous avez connu votre heure de gloire en novembre 2007 lors du vote de la scission de BHV, bloc linguistique flamand contre francophones. Bizarrement, depuis que vous êtes ministre fédéral, on ne vous entend plus sur les thèmes communautaires. Pourquoi ?

    > Je n'irais pas jusqu'à dire que l'habit fait le moine, mais j'estime néanmoins qu'un ministre de la Défense n'a pas à se mêler de l'institutionnel. Je trouverais tout aussi curieux que le ministre des Réformes institutionnelles intervienne dans nos opérations militaires à l'étranger. Cela dit, je soutiens à 100 % les positions du CD&V en matière communautaire.


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